«Design for Recycling»: à la base du recyclage
La Suisse et l’Union européenne se rapprochent au niveau du recyclage des plastiques. Toutes deux misent sur le «Design for Recycling », dont la finalité est d’améliorer la recyclabilité des produits en matières synthétiques.
La raison d’être du recyclage est de transformer les produits usagés en matières valorisables. Pour que cela soit possible, les produits doivent dès le départ être conçus de manière à permettre leur recyclage ultérieur. Aujourd’hui, ceci n’est souvent pas le cas. La recyclabilité est assurée par la démarche dite «design for recycling». Ce n’est en effet qu’à la condition qu’un produit puisse être décomposé dans chacun de ses éléments constitutifs qu’il pourra faire l’objet d’un recyclage de qualité. Cette séparation est aujourd’hui déjà possible pour les bouteilles à boissons en PET et les bouteilles en plastique. La situation est en revanche tout autre pour les emballages en plastique.
La raison est à rechercher dans la fonction des emballages: ils ont pour priorité de protéger le contenu et, pour les aliments, d’allonger leur durée de conservation. Dans un même temps, un conditionnement ingénieux est censé optimiser le transport tandis que le design attractif vise à promouvoir les ventes. Les emballages doivent donc répondre à des exigences très spécifiques selon le produit qu’ils renferment. Cela se traduit par des composites aux éléments les plus divers et qui sont pratiquement indissociables. Enfin, comme les emballages sont un produit secondaire, on privilégie la fonction à la recyclabilité.
Promotion de la recyclabilité
Il faut un changement de paradigme à ce niveau. L’Union européenne a présenté en début d’année les bases de sa nouvelle stratégie sur les matières plastiques. Les directives sur les emballages, dont le but est d’en améliorer la recyclabilité, en constituent le volet principal. L’UE mise pleinement sur le concept du «design for recycling», qui prévoit que jusqu’en 2030 tous les emballages devront être aptes au recyclage.
En Suisse aussi, les efforts vont dans ce sens. C’est ainsi que l’idée-force 5 du «trialogue des ressources» prévoit par exemple que les producteurs, les consommateurs et les autres acteurs soient responsables des effets sur l’environnement des produits pendant toute la durée de leur cycle de vie. L’industrie devra donc assumer une responsabilité accrue à l’avenir. Le recyclage des bouteilles à boissons en PET et des bouteilles en plastique montre que l’industrie et le commerce assument leurs responsabilités dans la mesure où la recyclabilité d’un produit est donnée. Les experts fédéraux (OFEV), des cantons (Cercle déchets), des villes et des communes (OIC) et enfin de Swiss Recycling ne peuvent donc, à l’heure actuelle, cautionner la collecte mixte des matières plastiques. Selon l’évolution de la situation dans les années à venir, il sera procédé à une réévaluation.

Ne pas mettre la charrue avant les boeufs
Pour que la discussion sur le recyclage des plastiques aboutisse, il faut que soit d’abord donnée la recyclabilité des emballages. En dépit des progrès techniques importants réalisés sur les installations de recyclage, celles-ci sont toujours à la traîne par rapport aux progrès de l’industrie des emballages. Il faut d’abord que soient connus les composants des emballages de l’avenir si l’on veut être en mesure de construire les installations de tri et de valorisation nécessaires et introduire les systèmes de collecte correspondants. Le programme ambitieux des échéances de l’UE va changer l’industrie des emballages (en Suisse aussi) et posera les fondements pour un accroissement des taux de recyclage des matières plastiques.